Publié chez Audiofanzine le 13/08/2016
La mienne est de 2006-2008
Pour avoir une Précision 51 de la maison Fender y a que deux options, cette Reissue officielle faite au Japon ou bien le Custom Shop pour ceux qui travaillent dans le pétrole, sont traders ou importateurs de cocaïne.
Il en existe deux versions, la Reissue 51 et la Signature Sting …qui est la même à deux différences près :
– La Sting a un sticker portant la signature de Sting à la 12ème case (assez moche soit dit en passant)
– La Sting a un corps taillé , ergonomique (moderne quoi) alors que la Reissue a le corps sans chanfrein des débuts (comme une Telecaster).
Si on veut faire dans la sodomisation de diptères, la Précision 51 Reissue (comme la version Sting) ne sont pas exactement des «Reissue» (au sens de réplique parfaite), parce qu’elles utilisent des petits potars comme la majorité des japonaises (la totalité?) ce qui veut dire par exemple qu’on ne pourrait pas installer une électronique de vraie Precision 51 d’époque, sans retailler un poil le bois du corps. D’autre part le routage de la câblerie du micro est visible sur la Reissue (donc on ne peut guère se passer du pickguard), ce qui à voir celle utilisée par Sting n’est pas le cas sur le modèle d’origine.
À propos de bois, la lutherie, n’a pas été faite par des petits enfants chinois pas payés dans des fonds de cave humide, mais par les nippons de fuji-gen qui sont pas exactement des manches (même s’ils en fabriquent des très bons), c’est du top niveau.
La lutherie est donc top. L’accastillage lui est bien, mais pas délirant, et par exemple le pickguard en véritable plastique authentique mono-pli est un peu.. comment dire… (en outre pour le changer il n’y a que deux options en dehors du sur-mesure, noir ou bien blanc, et c’est 30 boules chez Thotho, ce qui frise quand même le grand banditisme pour un vulgaire bout de plastoc de base). Les mécaniques font bien leur job, mais n’ont pas le toucher (je ne sais pas comment décrire ça) luxueux de ma Precision US.
L’association de son corps sans découpe ergonomique et de son manche relativement large , épais et surtout plat (comparé aux Precision américaines récentes) fait que c’est un instrument sur lequel le jugement est binaire : on aime ou bien on déteste.
Si on aime alors c’est le pied. Elle a une gueule d’enfer, un manche d’enfer, et un son top. J’aime les gros manches, et encore, celui-là n’est pas non plus énorme il ne faut pas exagérer il est très (mais alors très très) confortable, vaguement plus large qu’un manche moderne et un poil plus épais ce qui fait qu’il tient bien dans le creux de la main gauche. Bon, en même temps c’est sûr qu’à côté d’une Jazz le manche est balaize….
Autre particularité, le micro qui reprend les caractéristiques du micro des origines, n’a pas de capot plastique de protection comme c’est le cas avec un micro moderne. Résultat on ne peut pas s’en servir de repose pouce (sous peine de le tuer à terme), et au médiator c’est pire. A priori c’est la raison de l’apparition des bouts de tôle hors de prix..oops..pardon..des «caches micro» qui n’ont pas énormément de sens (esthétique mis à part) avec des micros modernes dans les boitiers plastiques, mais qui avaient tout leur sens avec ce micro là.
A l’usage cela impose donc de revoir l’utilisation de la main droite et c’est franchement bénéfique. Après quelques mois avec la 51ri, plus besoin de repose pouce la main se balade librement sur les cordes, d’un point de vue pédagogique c’est plutôt bien.
Le micro single fait qu’elle a sur les forums ricains la réputation de ronfler comme un vieil alcoolique asmathique en présence de certains bidules électroniques (Téléviseur etc..). j’ai pas eu ce problème mais c’est bon de le savoir (il se dit que certains micros comme le SCPB-1 de Seymour ou le Lindy Fralin seraient moins pire)
À noter que le niveau de sortie du micro d’origine est plutôt faible.
Le chevalet est «vintage», joli mot pour dire que comme sur les vieilles Telecaster, les cordes se règlent deux par deux, ce qui rend le réglage de l’intonation un peu pifométrique. Pour ceux qui sont pointilleux sur l’intonation, le BadAss III (introuvable de nos jours, faut chercher comme un damné en occase, Leo Quan ayant utilisé l’excuse de la mort pour arrêter son business.. le chacal) est un remplacement plug and play.
J’ai fait faire cette modif sur la mienne (j’ai trouvé un BAIII chez ebay) et avec le cache chevalet installé pas de problème de look, et une intonation nickel comme sur une basse moderne.
Pour le reste, si on adhère au concept (et je comprends qu’on puise détester cette basse) alors c’est le grand pied. Le son est bon même avec le micro d’origine (il existe, comme pour tous les modèles de Precision une tétrachiée d’options alternatives).
La logique c’est de lui mettre des filé plats mais avec des Fender 7150ML (filé rond petit patapon) elle marche très bien.
La Precision en général c’est un peu l’inverse de la basse moderne, active, hyper polyvalente etc.. et celle-ci est incontestablement une vraie Precision. Au final , c’est un instrument attachant, rustique, original, blindé d’histoire, au look qui déchire la race du slip de sa mère, avec pour ceux qui préfèrent les manches consistants, un manche génial et surtout .. et c’est ça qui compte, qui donne un son super.
À noter quelle demande d’avoir fait des études supérieures en traquage de gibier, parce que Fender ne la fait plus (faut dire qu’avec la Sting y avait doublon sur un créneau dont c’est peu dire que c’est un créneau de niche) et que donc il ne reste que l’occase où elle est vendue souvent au même prix qu’une Precision standard américaine. Donc faut traquer inlassablement la bonne affaire, mais une fois trouvée.. on en vient presque (presque faut pas déconner) à arrêter de douter de l’existence de Dieu.
Edit (2 ans plus tard) à la suite d’une discussion.
Cette basse est fantastique.. si on la prend pour ce qu’elle est et dans son contexte historique.
C’est la reproduction du modèle d’origine de 51. À cette époque les parents de la majorité des inscrits à Audiofanzine naissaient, et aux US les noirs quittaient les zones rurales du Mississipi pour se diriger vers les zones industrielles, Chicago notamment, où ils ont commencé à inventer un truc qui a vaguement bouleversé la suite.
C’est à dire que si c’est pour faire des triples croches à 180, y a mieux, chez Zender, une Jazz est franchement plus indiquée. Si c’est pour jouer du métal, même remarque.
Edit 3 ans plus tard
Faut faire gaffe, cette basse est un piège, la lutherie est tellement géniale que j’ai fini par la modifier complètement (micro Hepcat.. très très bon, condo orange sprague, potards CTS, cordier Badass) et là c’est carrément une tuerie intégrale