Le terme de « diversité » est extrêmement tendance en ce moment, tout particulièrement dans les médias (que ce soit pour se féliciter de s’y être adonné ou au contraire regretter que cela ne soit pas le cas). Au premier abord, on pourrait à bon compte sourire devant ce qui fleure bon l’hypocrisie.
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce point de vue, il ne s’agit pas d’hypocrisie, mais de précision syntaxique.
Si l’on considère que dans le sabir médiatico-politique, en ce moment « diversité » ne concerne ni les paysans du Luberon, ni les pécheurs bretons, ni les profs corses, ni les Américains qui pullulent dans les rues adjacentes des Champs Élysée ou les Japonais qui font de même autour d’Opéra, pas plus ma femme qui est allemande, ou encore les campeurs qui parsèment la nuit les rues de Paris.
Diversité est le nouveau terme pour dire « noir et/ou arabe a qui il faut urgemment confier un boulot faute de quoi il va encore et encore foutre le feu à ma bagnole ».
Le « divers » est le tirailleur sénégalais des temps modernes. Tout le monde trouverait parfaitement ridicule de confier le traitement des conférences de presse de Madame Merkel uniquement à un allemand ou qu’un canard embauche un neveu de l’Oncle Sam parce qu’on parle de cet hilarant George dans les colonnes internationales, en revanche, pour parler des banlieues , il est quand même plus socialement correct par les temps qui courent que le teneur de micro frisotte.
Dans ce contexte, « divers-cités » me paraît un terme extrêmement pertinent.
Ceci étant, en arrière-plan il y a une réalité qui n’est guère contestable, ce qui l’est plus c’est cette manie de renommer ce qu’on a du mal à regarder en face.
Rappelons que le noir est un type hirsute, supposément odorant et qui de toute façon n’est ici que pour nous piquer notre sécu, tandis que le corps d’ébène du black illumine nos soirées tendance et s’il n’y avait l’attraction qu’il exerce sur nos femmes, ce serait presque un type fréquentable. L’arabe à des dents jaunes, des vêtements ridicules et un mode de vie qui fait lever les yeux au ciel (lorsqu’il ne pique pas des autoradios) tandis que la gironde beurette agrémente plaisamment les rues commerçantes de nos centres-villes. Le pédé est un type répugnant, contrairement au gay qui a un goût aussi exquis que son pouvoir d’achat est intéressant, tout comme le vieux pénible (avec un vieux dans l’entourage, finies les vacances peinardes) qui n’a guère d’intérêt qu’une fois recyclé en senior, etc etc etc… l’énumération serait longue
La vie vue au travers du langage moderne (véhiculé pour bonne part par les médias, mais pas seulement, les politiques y participent également) ressemble un peu aux Sims, ou disons à une variante des Sims, dans un cas on parle de réalité virtuelle, dans l’autre de virtualité réelle.
Dans ce cadre, somme toute, la « divers-cités » n’est que l’antépénultième rejeton de cette habitude bien ancrée et qui reconnaissons-le a déjà moult fois prouvé son efficacité. Si au lieu de parler de quelque chose qui pose problème ou qui dérange, on disserte sur son avatar médiatique, les choses sont nettement plus simples et moins engageantes.
Cette nouvelle obsession de la « divers cités » à des conséquences assez surprenantes, que je trouverais même franchement drôles si je n’étais pas indirectement concerné (mon père était martiniquais) comme l’amusante (ou ridicule, au choix) « affaire Harry Roselmack » à l’occasion du transfert d’Harry Roselmack chez TF1. « Mon Dieu » ce sont esclaffés tous les médias, « un noir au 20 heures ! ».. oubliant au passage qu’Harry bosse depuis des lustres dans des radios ou des télés et surtout qu’il est martiniquais.
Petit rappel historique, les martiniquais sont français depuis…. 1635 (oui oui…) soit par exemple, depuis plus longtemps… au pif.. que les Savoyards. Pour ceux qui sont fâchés avec les chiffres, ça remonte donc à Louis XIV. Il est étonnant qu’aujourd’hui, soit presque 400 ans plus tard, on découvre subitement qu’au royaume de France il y a aussi des noirs et qu’un français puisse être basané.
La remarque ci-dessus m’a valu un petit coup de fil de Catherine Nivez d’Europe 1