Réflexions sur la façon de nommer les politiques

Les relations entre presse et patronymes des politiques ne sont pas nouvelles, mais l’irruption de femmes à un haut niveau de la politique européenne leur donne une résonance telle que j’aimerais bien au fond avoir le point de vue d’un psychanalyste (ou d’un sociologue) sur la question.

Cet aspect me semble caricatural dans la campagne qui se profile (version officielle), qui fait rage (version réaliste).
J’ignore si c’est le fruit du hasard ou de l’inconscient médiatique/collectif, mais les patronymes utilisés pour désigner les candidats collent assez à l’image qu’ils véhiculent, à tel point qu’on peut se demander si consciemment ou inconsciemment les politiques ne fournissent pas aux médias l’ébauche d’une image qui est ensuite maturée par ces médias pour être diffusée dans le public. Une fois diffusée, cette image relèverait alors de l’inconscient collectif et est reprise dans le langage courant jusqu’à devenir une des clés de lecture des actes et parole de ces politiques.

« Sarkozy » est un mot qui claque, ça ferait joli nom de policier de série qui colle bien à l’image de « super flic » que cultive le Ministre de l’Intérieur, (alors que son patronyme complet « Sarközy de Nagy-Bocsa » a un côté éminemment notable).
De son côté, « Ségolène » colle bien avec une image « maternelle/rassurante/ mais ferme » (« Royal » serait tout à fait détonnant dans ce contexte, et son véritable prénom, « Marie-Ségolène » sonne un peu trop « jeune femme de bonne famille »).

De la même façon « Sego » n’a de sens que par rapport à « Sarko », consonnance qui colle bien avec l’image bicéphale diffusée par les médias pour la campagne qui se profile, alors qu’il serait euphémique de dire que la liste des candidats est naturellement bien plus longue (liste que l’on peine à trouver sur les sites des différents médias).

Je ne pense pas que « Ségolène » soit uniquement lié à une question de chromosomes, parce qu’on ne parle pas de « Marine » mais de « Marine Le Pen ». Marine est un prénom assez doux, Le Pen a une consonance assez dure et une connotation qui l’est encore plus. En utilisant systématiquement son patronyme complet, les médias la renvoient systématiquement à l’image du FN et suggèrent une certaine distance qui les dédouane de toute accusation de complaisance.

On ne parle pas de « Hulot » mais de « Nicolas Hulot » qui entre en résonance avec le prénom de « Sarko » qui lutte contre « Ségo ».

De son côté, François Bayrou qui n’a pas vraiment d’image si ce n’est une image en creux a toujours été appelé « François Bayrou » un peu comme si l’absence de pseudonyme marquait la différence ressentie avec les « vraies  » vedettes de la politique.

Ce petit jeu sur les patronymes serait simplement curieux s’il ne risquait pas d’installer les politiques dans une sphère de représentation tout à fait similaire à celle des gens du show biz, ce qui ne participe sans doute pas vraiment à la valorisation de la chose politique.

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